Dancing the dream

 

de Michael Jackson

 

 

Ses textes traduits en français

LA DANSE DE LA VIE (Dance Of Life)

Je ne peux me dérober à la lune. Ses doux rayons écartent les rideaux à la nuit tombée. Je n'ai même pas besoin de le voir, il suffit que cette énergie bleue apaisante tombe sur mon lit et je suis éveillé. Je me précipite dans le couloir obscur et j'ouvre la porte, pas pour quitter la maison mais pour la rejoindre. Je crie: "Lune, me voilà".

"Bien", répond-elle. "Maintenant, accorde-moi une danse".

Mais mon corps a commencé à se mouvoir avant même qu'elle dise quoi que ce soit. Quand cela a-t-il commencé? Je ne m'en souviens pas -mon corps a toujours bougé. Depuis l'enfance je réagis de cette manière en voyant la lune, comme si j'étais son fou préféré, et pas seulement le sien. J'étais attiré de la même manière par les étoiles, suffisamment près pour que je puisse comprendre le pourquoi de leur brillance. Elles dansent, elles aussi, elles remuent doucement leurs molécules dans tous les sens ce qui fait sautiller mes atomes de carbone en mesure.

 

Les bras grands ouverts, je me dirige vers la mer, qui produit en moi une nouvelle danse. La danse de la lune est lente et douce comme des ombres bleues sur le gazon. Quand les vagues déferlent, j'entends le coeur de la Terre et le tempo accélère. Je sens les dauphins bondir dans l'écume blanche, essayant de voler et volant presque quand les vagues s'élèvent haut vers les cieux. Leurs nageoires laissent des arcs de lumière tandis que le plancton rougeoie dans les vagues. Un banc de vairons s'élève, couleur argentée flamboyante dans la lumière lunaire comme une nouvelle constellation.

"Ah!" dit la mer, "Nous sommes en train de rassembler un public".

 

Je cours sur la plage, tantôt sautant dans les vagues, tantôt les esquivant. J'entends de faibles bruits secs -une centaine de crabes de sable affolés courent se cacher dans leurs trous, juste au cas où. Me voici en train de courir, maintenant, parfois sur la pointe des pieds, parfois les pieds totalement au sol.

Je jette un coup d'oeil derrière moi et une nébuleuse tourbillonnante dit "Vite, maintenant, tournoie!"

Un large sourire aux lèvres, me servant de ma tête pour garder l'équilibre, je commence à tourner aussi vite que je peux. C'est ma dance préférée parce qu'elle renferme un secret. Plus je tourne vite, plus je suis immobile à l'intérieur. Ma danse est tout mouvement dehors, tout silence dedans. J'aime cela autant que de faire de la musique,c'est la musique que l'on n'entend pas qui ne meurt jamais. Et le silence est ma véritable danse, même si ça ne bouge jamais. Il s'écarte, mon chorégraphe de grâce, et bénit chaque doigt et chaque orteil.

 

A ce stade j'ai oublié la lune et la mer et les dauphins mais je partage leur joie plus que jamais. Aussi lointaine qu'une étoile, aussi proche qu'un grain de sable, la présence s'élève, scintillante de lumière. Je pourrais y rester pour l'éternité tant c'est chaud et apaisant. Mais en un éclair la lumière traverse l'immobilité. Elle vacille et me fait frissonner et je sais que mon destin est de montrer aux autres que ce silence, cette lumière, cette bénédiction est ma danse. J'accepte ce don uniquement pour le redonner ensuite.

"Vite, donne" ordonne la lumière.

 

Comme jamais auparavant, je tente d'obéir, inventant de nouveaux pas, de nouveaux gestes de joie. Tout à coup je sens où je suis, courant jusqu'au sommet de la colline. La lumière est allumée dans ma chambre. La voir me fait dévaler la colline. Je sens les battements de mon coeur, la lassitude dans mes bras, le sang chaud dans mes jambes. Mes cellules veulent danser plus doucement. "Peut-on marcher un peu?" demandent-elles. "On a été à un rythme dingue".

"D'accord", dis-je en riant, ralentissant jusqu'à marcher d'un pas tranquille.

 

J'appuie sur la poignée de la porte, un peu haletant, heureux d'être fatigué. Me glissant de nouveau dans mon lit, je me rappelle alors quelque chose qui m'a toujours étonné. On dit que certaines étoiles que l'on voit au dessus de nos têtes n'existent pas en réalité. Leur lumière met des millions d'années à arriver jusqu'à nous et tout ce que nous faisons, c'est regarder vers le passé, vers une période révolue où ces étoiles pouvaient encore briller.

Je me suis demandé "Alors, que fait une étoile quand elle a fini de briller? Peut-être qu'elle meurt".

"Oh non" répond une voix dans ma tête. "Une étoile ne meurt jamais. Elle se transforme en un sourire et retourner se mélanger à la musique cosmique, à la danse de la vie". J'aime cette pensée, la dernière que j'ai avant que mes yeux se ferment.

Avec un sourire, je retourne moi aussi me fondre dans la musique.